N° 71 | 1986
Pour une approche sémiotique et narrative du droit

La signification d'un texte de loi, d'un règlement ou d'une circulaire, d'un arrêt ou même des termes d'un contrat est loin d'être toujours claire, immédiate et univoque. D'où le recours, de la part des magistrats comme des praticiens et des auteurs de la doctrine, aux techniques d'interprétation du droit, les unes traditionnelles, d'inspiration exégétique, les autres plus modernes, procédant en général d'une visée scientifique plus marquée. Les développements actuels des sciences du langage ouvrent à cet égard des perspectives très vastes, dont certaines n'ont pas manqué de retenir dès à présent l'attention des juristes.
Ce qu'on appelle le "juridique", ce n'est pas seulement un corpus d'expressions linguistiques, c'est aussi tout un faisceau d'institutions et d'acteurs, de situations et de décisions, de faits et d'actes juridiques dont la saisie, en tant que système globalement signifiant, requiert la construction de modèles qui, à l'évidence, ne sauraient être strictement textuels ou linguistiques.