Sémiotiques non verbales et modèles de spatialité

Sous la direction de Guy Barrier et Nicole Pignier

Outre l’espace abstrait et logique de la science, il y a la spatialité dans laquelle nous faisons l’expérienciation des choses et des êtres, celle qui donne lieu à une reconstruction mentale et affective. Le passage du réel identifiable au désigné mental s’effectue par le corps propre : la voix, les gestes, les mimiques et postures sont autant de « langages » non-verbaux capables d’attribuer une épaisseur, un ancrage spatio-temporel, aux mots. Comment le non-verbal implique-t-il le verbal et, réciproquement, comment les mots ont-ils un impératif besoin de multimodalité pour faire sens ?
L’ancrage spacio-temporel du média linguistique, par la gestuelle, la tonalité, etc. à l’oral, par le choix d’une organisation visuo-graphique à l’écrit, ajoute à la fonction de signification systémique du mot comme combinaison de voyelles et/ou consonnes, comme opposition de signifiants et de signifiés, une fonction de sens, de désignation dans un espace-temps symbolique d’une chose absente ? Par l’usage multimodal du système verbal, l’immédiat se joint alors au médiat, donnant à voir et à vivre le cognitif. De la communication au quotidien à l’art architectural, littéraire en passant par les chansons enfantines, par l’ergonomie, on ne peut échapper au fait que le langage ancré dans l’espace voire dans le temps est le seul capable de donner une épaisseur, un corps, une vie au mental. Ainsi, loin de privilégier d’un côté, le signe linguistique, de l’autre les signes non-verbaux, cet ouvrage inspiré des travaux du congrès Sémio 2001 questionne les rapports entre les mots, la multimodalité et le sens.

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