Revue Signata, 4, 2013, Que peut le métalangage ?

Vivien LLOVERIA

Université de Limoges

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Articles du même auteur parus dans les Actes Sémiotiques

Mots-clés : métalangage

Texte intégral

La quatrième parution de la revue Signata présente un volume de 462 pages intitulé « Que peut le métalangage ? / What Can Metalangage Do ? ». Comme indiqué par son titre, ce numéro est presque entièrement consacré au métalangage, exception faite de deux articles sur les trois présentés dans la rubrique Varia.

Le premier article, cosigné par Bouquiaux, Dubuisson et Leclercq, questionne la nécessité d’un métalangage second. Les auteurs présentent trois modèles issus de la logique et de la philosophie du langage du XXe siècle. Le premier, celui de Wittgenstein, permet de montrer les formes du langage mais non de les dire (Tractatus), même si ultérieurement l’existence de jeux de langages sera admise (Recherches philosophiques). Pour le second, en référence aux travaux de Tarski et Carnap, le métalangage est bien un langage distinct, supérieur à un langage premier et nécessairement plus riche puisqu’il contient à la fois la possibilité de son expression et celle de sa description. De plus, Carnap propose de « sauver » le non-sens du Tractatus, pensé sur le mode matériel, par le recours à un mode formel. Progressivement, un troisième modèle émerge à la suite de Quine, instaurant une réversibilité de la position de premier et du second langage, de façon à concevoir le métalangage comme une traduction. L’apport du philosophe Michel Serres à cette problématique de la traduction clôt l’article en articulant les positions successives du métalangage et en préconisant la production perpétuelle de points de vue décalés, de solutions locales et singulières, en rupture quasi militante avec un métalangage jugé universel, confortable et paresseux.

Pour Tore, la réflexivité rencontre un problème de prolifération terminologique au sein des sciences humaines. Observons-nous un même phénomène sous des termes différents, ou au contraire des phénomènes différents réunis sous celui de réflexivité ? Cette interrogation centrale pousse Tore à s’intéresser à une « réflexivité en général » pour mieux « servir ses nuances » et dégager des critères de distinction entre phénomènes réflexifs. La réflexivité, toujours liée à la présence de sens, se manifeste « généralement » par une dichotomie entre représentation (l’objectalité) et présentation (la manière). Pour Tore, cette réflexivité se réalise plutôt en solidarité avec un fond de réflexivité diffuse, nous invitant à la redéfinir comme un pli, articulant et solidarisant en un continuum ce qui était auparavant distribué dans des niveaux engendrés par le méta-. Une sortie de ce nivellement permet alors de saisir les sens obscurs qui problématisent la réflexivité (le « en venir à… »), les malentendus qui bloquent la multiplication des sens, ou encore le deviner dans lequel on « sait ce qui se joue » sans pour autant comprendre la langue employée. Le chercheur nous engage alors dans l’exploration d’un espace réflexif commun, un entre-deux encadré par l’extrême figural (la simple présence en soi) et l’extrême méta- (le discours sur…). En tout dernier lieu, un ensemble de couples oppositifs illustre le raffinement, possible et désiré par l’auteur, de distinctions au sein de la réflexivité.

Dans la lignée de cette réflexivité diffuse, Basso présente le concept de métalangage comme un topos de la discussion scientifique. Derrière l’apparente impersonnalité du discours métalinguistique, il décèle une polyphonie, polémiquant autour des performances du langage artificiel. Face aux échecs du méta-, les sciences ont généralement opté pour une multiplication des perspectives d’observation et des modèles descriptifs. L’auteur note ainsi un glissement historique d’« un » métalangage défaillant vers « des » langages scientifiques. Bien différemment, les sciences humaines ont cherché leur légitimité dans une construction explicitée de leur métalangage. Basso convoque, en référence à Fontanille, la nécessité d’une reconnaissance ubiquiste d’une épistémologie discursive, trahissant de fait l’ambition d'une théorie unificatrice, voire d’une forme d’impérialisme. Le « méta-»  rencontre cependant un problème de renouvellement de ses constitutions observatrices vis-à-vis des constitutions observées, entraînant alors la perte du localisme de la recherche et de son caractère situé et expérimental. Le chercheur questionne alors l’alternative possible entre cette activité métalinguistique spontanée, coextensive des pratiques sémiotiques observées, et un métalangage descriptif capable de provoquer l’indispensable détachement critique. Une première voie postulerait l’hétéronomie d’un métalangage, devenant simple tentative vocationnelle d’auto-description. Dans ce cas, le méta- n’indiquerait plus un dépassement, mais plutôt la nécessité de construire des ponts, rejoignant selon nous la traduction de Serres évoquée par le premier article. Adoptant l’angle de la culture, Basso dépeint finalement le métalangage comme une « barrière défensive » face à « l’entour sauvage » sémiotique, mais aussi comme une « porte ouverte dialogique » entre les théories, de manière à limiter l’impérialisme, à inter-inférer, par le biais d’un hypothétique trans-langage. Cette dernière hypothèse, jugée dégénéralisante et spécialisante, s’avère constituer pour le chercheur une fausse piste, compromettant le « théâtre de la théorie », cette nécessaire dramatisation de l’activité métalinguistique.

Bien que classées dans une rubrique Relectures de la tradition, les propositions de Zinna et Badir n’en possèdent pas moins une forte valeur critique vis-à-vis des traditions qu’elles sont censées examiner. Ainsi, Zinna s’appuie sur Jakobson pour considérer la fonction métalinguistique comme une condition nécessaire du langage. Cette fonction se réalisant par la paraphrase ou le métalangage, l’auteur vise à mieux caractériser leur distinction. Il révèle ainsi la symétrie de la paraphrase et la hiérarchie du métalangage. Or le passage entre paraphrase et métalangage semble essentiellement s’opérer par le recours à l’institutionnalisation d’une langue de spécialité qui, mobilisant différemment l’élasticité du discours, provoque des condensations « par le mot » face à une paraphrase productrice d’équivalences « par la phrase ». A cette hiérarchie et condensation sémantique du métalangage, Zinna ajoute l’opposition entre la compréhension de la paraphrase et la description du métalangage, qui se réalise sur le terrain des opérations sur le langage. La dernière partie, entièrement consacrée à ces opérations, innove en évoquant ce que nous pourrions qualifier de « formes de vie métalinguistiques ». En effet, l’auteur esquisse des attitudes personnelles du sémioticien en distinguant le « scolastique » du « compétent », de « l’expert » ou de « l’innovateur ». Autant de styles capables d’expliquer, par exemple, la prolifération terminologique du métalangage, davantage imputable à des positions éthiques qu’à la complexité de l’objet déconstruit.

Tout aussi peu traditionnelle, la relecture de la tradition par Badir dépeint le métalangage comme un Janus, gardien des portes de la théorie. Cette dualité est prolongée par l’évocation d’un métalangage censé se présenter à la fois comme système et discours, comme forme générale d’une langue et système opératoire d’un langage. Critiquant l’approche de Barthes dans Système de la mode, il montre comment le sémiologue a renoncé à la « mode réelle » pour la « mode écrite » ou, plus précisément, la « mode décrite ». Selon Badir, la question centrale du sémiologue n’aurait pas dû être de questionner l’existence d’un métalangage, mais plutôt de rechercher les distinctions propres au langage-objet de la mode. Le métalangage apparaît encore duel et paradoxal puisqu’il donne « accès au réel » et « rend compte de ce qui [l’en] distingue ». Partant de cette distinction du réel ou du langage-objet, Badir évoque des typologies comme celle de Culioli, opposant un métalangage scientifique et un métalangage naturel ou commun. Le premier serait celui que nous dénommons proprement métalangage, tandis que le second appartiendrait à l’épisémiotique. Badir affirme alors qu’accorder le statut de langage au métalangage réduirait ce qui fait justement sa force. Gestionnaire de la gradation entre « l’être systématique » et le « faire système », Badir nous amène à conclure que le métalangage n’est rien moins que le lieu de négociation du langage lui-même.

Les trois articles suivants constituent la rubrique Propositions disciplinaires. Les deux premiers questionnent une formalisation métalinguistique capable de modéliser et calculer les processus sémiotiques, tandis que le troisième s’intéresse aux normes de la textualisation métalinguistique au sein d’articles scientifiques en sociologie. Pour commencer, Desclés présente une approche métalinguistique particulière, tenant compte de la « pluralité des systèmes sémiotiques » mobilisés. La distinction entre système linguistique et système métalinguistique devient alors une de ces manifestations de la pluralité dont doit tenir compte tout système global de description d’une langue. Partant de ce constat, Desclés propose un outil dénommé GRACE (Grammaire Applicative, Cognitive et Enonciative) qui convoque et insère cette pluralité sémiotique dans une architecture complexe, reliant plusieurs niveaux de description par des processus de changement de représentation. Pour soutenir son approche, Desclés démontre également comment le métalangage doit se séparer du langage-objet, mais pour une finalité singulière : contrôler son utilisation et permettre le calcul. Aussi, chaque système métalinguistique fait partie d’une architecture englobante où les relations entre représentés et représentants sont assurées par des représentations interprétatives. Cette indépendance et ce contrôle du système métalinguistique permettraient alors de faire interagir des représentations métalinguistiques avec des représentations cognitives. Le programme GRACE participerait alors, selon l’auteur, à un programme de recherche bien plus vaste destiné à mettre en correspondance les structures des langages sémiotiques avec les structures neuro-biologiques matérielles.

Dans le même désir de formalisation métalinguistique, l’article de Galofaro aborde la question des structures narratives. Selon l’auteur, la modélisation de Hjelmslev est trop faible car elle ne permet pas de générer à la fois l’énonciation narrative et sa description structurale. D’un autre côté, la description donnée par Propp paraît trop restrictive, car elle oublie un trait fondamental des structures narratives : la récursivité. Dans cette perspective, Galofaro argumente en faveur d’une approche morphogénétique qui conçoit la récursivité comme une propriété assurant la stabilité et la cohérence structurelle de la narration. Cette dernière se présente alors comme une « complexité croissante » considérée en diachronie. Proche de la perspective de Zinna, Galofaro considère l’activité métalinguistique comme la « description d’opérations » liant la linguistique (un langage-objet) au monde du calcul (les opérations). Si le texte cite la très célèbre commutation hjelmslevienne, il fait référence plus loin à une technique de Gödel permettant « d’encoder entièrement la théorie glossématique » mais qui pourra laisser perplexes les lecteurs ne maîtrisant pas les notions mathématiques mobilisées. Galofaro semble partager avec d’autres chercheurs la nécessité de recourir à plusieurs systèmes de métalangage ou « techniques de formalisation » pour faire le tour de son objet. Plus qu’une technique unique, Galofaro préconise également une éthique de l’activité métalinguistique : cette dernière doit recourir à une « procédure claire et efficace qui assigne, sans ambiguïté, chaque élément de notre structure dans sa catégorie, sa place dans le système, spécifiant les relations entre système et procès ».

Contrastant avec le caractère abstrait des contributions précédentes, celle de Trépos considère les décrochages métalinguistiques opérés « concrètement » dans des articles de sociologie. Il recherche ainsi des « lieux privilégiés » où l’on pourrait voir à l’œuvre des énoncés de métalangage. L’auteur localise et relativise le concept, préférant un « métalangage de passage », propre à la sociologie, qu’il oppose au « métalangage intégral » des mathématiques. Ainsi, nous suivons son étude comme le déroulé d’une enquête commençant par l’examen de la note dans la production des articles scientifiques. Ce premier lieu d’énonciation métalinguistique se présente comme un palimpseste, une superposition de techniques d’époques différentes, peu harmonisées et peu explicitées. Quelques fois « dépotoir du texte », la note peut revêtir le rôle de texte auxiliaire soutenant la théorie ou celui de texte métaphorique ouvrant à un ou plusieurs discours alternatifs par rapport à celui conduit par le rédacteur de l’article. Cette pluralité métalinguistique de la note, nous la retrouvons dans l’analyse de la « parenthétisation ». De fait, Trépos évoque aussi une activité métalinguistique plus générale, veillant à maintenir une « coexistence pacifique des agencements métalinguistiques » et postulant également un « découplage entre métathéorie et métalangage ». Certaines identifications sont éclairantes à ce sujet, car il distingue un métalangage générique, qui met en relation plusieurs théories (inter-théorique), d’un métalangage spécifique, utile à des analyses intra-théoriques, même s’il fait état du caractère hybride de ce que nous rencontrons dans la réalité.

Si la rubrique intitulée Travaux en sémiotique perceptive peut donner l’impression d’annoncer une simple application du métalangage au domaine de la perception, une lecture attentive des quatre articles qui s’y trouvent rassemblés démontre au contraire les difficultés et les bouleversements théoriques généraux que suscite cette sémiotique spécifique. La première contribution introduit d’emblée une innovation théorique par une inversion du questionnement habituel sur les limites du métalangage, tandis que les trois suivantes s’attaquent à la redoutable question d’un métalangage « autre » que la traditionnelle verbalisation ou lexicalisation. Ouvrant la rubrique, l’article de Bordron et Moutat étudie le rapport entre métalangage et langage-objet en questionnant, d’une manière proche de celle de Tore, l’unicité d’un métalangage qui aborderait une multiplicité de langages-objets et, inversement, la pluralité des systèmes métalinguistiques mobilisée pour l’étude d’un langage-objet unique. Cependant, l’enthousiasme que suscite cet article tient surtout à cette question centrale qui renverse le questionnement théorique à la façon d’un sablier : « de quoi le langage-objet est-il le métalangage ? » L’incongruité apparente de cette question joue comme un générateur d’hypothèses et de perspectives de recherche, à commencer par celle concernant la limite inférieure du rapport entre langage et métalangage. Une telle interrogation rompt d’abord avec les habitudes de limiter les niveaux de métalangage supérieurs (cf. Hjelmslev). Mais l’examen des niveaux inférieurs amène également à s’interroger sur le caractère « analogique » du métalangage, et enfin sur les degrés de « conscience » dans sa mobilisation (l’épilinguistique). Aussi, Bordron et Moutat cherchent à intégrer les différents niveaux du langage (l’infralangagier, le langagier, le métalangagier) dans un continuum, une dynamique circulaire, décrits comme des phases de générativité du langage. Le cas du lexique de dégustation soutient ensuite la démonstration pour expliquer comment l’activité métalinguistique permet de se rapprocher toujours un peu plus d’un concept sensible reposant sur l’identification d’un noyau perceptif élémentaire. En dernier lieu, les auteurs relèvent ce paradoxe : « ce qui apparaît de plus abstrait au niveau du métalangage est ce qu’il y a de plus concret au niveau de l’expérience épisémiotique ». Cette perspective renverse bien les données du problème en rendant mouvantes les fondations sur lesquelles reposaient jusqu’alors les conceptions les plus communément admises à propos du (méta)linguistique. Ici aussi, à l’instar des conclusions de Badir, se négocie un langage à deux faces, un nouveau Janus tourné vers le supra-linguistique (méta-) et l’infra-linguistique (épi-).

Les trois articles suivants cherchent de possibles manifestations « non-verbales » du métalangage. La contribution de Dymek questionne la possibilité d’associer l’iconicité du representamen de l’art filmique à la systématicité d’un langage afin de penser un métalangage filmique. L’auteur s’efforce de distinguer clairement le métalangage phénoménologique des langages-objets, d’un métalangage davantage ontologique, issu des traditions logico-philosophiques. Dans cette perspective, le métalangage linguistique institué devient un instrument d’étude, un pivot autorisant le passage de « l’indicible du percept » au « dicible du jugement perceptuel ». Par la suite, Dymek propose une définition pragmaticiste du métalangage, comme ce qui « étudie les relations d’une situation pragmatique première qui ne peuvent se révéler au sein de cette situation pragmatique première ». Autrement dit, l’auteur considère le métalangage comme l’introduction d’un point de vue second dans un autre, premier, afin de créer la possibilité du jugement relationnel. Cette dépragmatisation du representamen devient ainsi la condition nécessaire du raisonnement analogique ou diagrammatique engendrant le métalangage. Dymek montre enfin comment le métalangage trouve sa raison d’être dans la résolution de conflits perceptuels : au sein d’un espace perceptif second, les divers diagrammes-percepts et les méta-perceptions problématisent la perception première, engendrent des opérations, la structurent et la rendent intelligible. Les deux contributions suivantes s’intéressent à un métalangage au sein du visible, une forme métasémiotique visuelle — pour Caliandro — et un métalangage iconique, pour Le Guern. La position d’une métavue (Caliandro) ou l’attitude métadiscursive (Le Guern) du spectateur du visible oblige à se demander s’il existe une « grammaire visuelle » capable de mettre en œuvre des codes (Le Guern) ou des images-schémas (Caliandro). Quittant la figurativité, Le Guern s’intéresse aux habitudes de représentation qui constituent autant de modèles ou de normes pour les configurations plastiques, faisant un lien intéressant avec le contrat d’iconicité proposé par Fontanille. S’appuyant sur deux tableaux de Matisse, Le Guern définit une démarche de schématisation qu’elle distingue d’une démarche d’abstraction, dans le sens où, étant métapicturale, elle cherche à manifester une forme sous-jacente régissante sur la surface du plan de l’expression lui-même. Cette forme sous-jacente, paradoxalement présente à la surface, pourrait être rapprochée du logos surgi des images-schémas de Paul Klee, décrites par Caliandro. Pour cette dernière, le logos des images-schémas ne peut être réduit à un logos abstrait ou dématérialisé. Le métavisuel devient ainsi, dans un premier temps, un exercice du regard, une expérience phénoménologique unique au service du formel, qui donnera lieu, dans un second temps seulement, à des lexicalisations diverses. Pour appuyer sa démonstration, Le Guern évoque la différence entre la fonction transitive de l’œil et celle, réflexive, du regard chez Parret. Elle considère alors l’activité métalinguistique iconique comme une circularité entre l’œil et le regard du spectateur, activité nécessairement implicite parce que toujours éphémère.

Enfin pour clore la thématique consacrée au métalangage, le dernier article est un survol (Overview) articulé des articles précédents, rédigé par Caputo et traduit de l’italien par D’Urso. L’auteur constate une volonté récurrente et partagée de désancrer le métalangage d’un plan abstrait et de calcul. Argumentant en faveur d’un relativisme, d’une déconstruction et d’une redynamisation métalinguistique, Caputo soulève, pour terminer, ce paradoxe du métalangage : « il dit en (se) dédisant et en (se) redisant ». Le métalangage est paradoxal car il est à la fois point de départ et point d’arrivée, il est également « un » dans son abstraction et « multiple » dans ses concrétisations. Dans son rapport à l’activité métalinguistique, Caputo considère enfin que « la sémiotique fait du paradoxe sa propre demeure ou sa propre raison ».

Pour parachever la description de l’ouvrage, nous ne pouvons manquer d’évoquer les trois articles classés dans la rubrique Varia. Le texte de Lefebvre met en relation avec la sémiotique peircienne le rôle de « l’image » et de la ressemblance dans les travaux de Wittgenstein. Le second article, de Danesi, aborde la Théorie de la Métaphore Conceptuelle (CMT) et démontre comment la notion de métaphore permet d’élaborer un cadre de travail commun pour mettre en relation des signes provenant de différents codes (verbaux et non verbaux). L’idée des métaformes permet, selon l’auteur, de considérer les processus sémiotiques à l’échelle d’une sémiosphère et de déplacer l’explication vers ses origines perceptives communes, qui ne doivent plus rester ignorées des recherches sémiotiques contemporaines. Le dernier article, signé par le Groupe µ (Edeline et Klinkenberg), se propose d’étudier une sémiotique de l’outil sous l’angle original de l’anasémiose (production du sens) et de la catasémiose (action du sens sur le monde). Postulant une catasémiose privilégiée par l’outil, les auteurs en abordent les fonctions, élaborent une typologie fondée sur l’énergie, la forme, le statut et le champ d’application pour déboucher sur un allongement (diachronie) et une socialisation (corps collectif) de la sémiose.