Les film–annonces de fiction : sémiotique d’un discours médiatique

Sylvie Périneau

Ce travail interroge le film-annonce de film de fiction comme genre paratextuel du discours promotionnel. Le film-annonce allie une visée paratextuelle consistant à présenter et à représenter le film à des ambitions pragmatiques tournées vers la plus grande efficience possible. Si, par ses modes de captation, sa tendance à l’hyperbole et au spectaculaire ou encore par ses recours habituels au discours épidictique, aux promesses et à l’ethos, le genre ne diffère guère des autres formes médiatiques de la communication promotionnelle, c’est en tant que paratexte qu’il se singularise. À partir d’une rhétorique constitutive créant des écarts par rapport au film, le film-annonce s’assume comme forme médiatique programmatique communiquant le film. Il mobilise notamment le film sous le mode d’existence actualisant du futur immédiat. Il soumet ses spectateurs à une modélisation qui leur ménage des accès contrôlés au film mais sans cesser de les solliciter au plan sensoriel et cognitif, qui choisit des formes modélisées ou des matrices rythmiques susceptibles d’emporter l’adhésion par leur achèvement stéréotypé et qui profite d’un cadrage méta-discursif réalisé par les répétitions, le tressage ou la fréquente concordance entre la prédication et la syntaxe sensorielle. Pour optimiser son régime de croyance, le film-annonce génère un glissement généralisé des niveaux diégétiques et extra-diégétiques, promettant d’envahir le monde réel de la salle et des spectateurs. En outre, prenant une véritable autonomie méta-discursive, il se montre capable d’adopter des modes de représentation et des types énonciatifs partiellement indépendants du film et dont cette étude propose une typologie.

This research studies the fictional trailer as a paratextual genre of promotional discourse. The fictional trailer combines a paratextual objective aiming to present and represent the film with the most efficient pragmatic purpose. If the genre, in the way it captivates, or uses the hyperbolic and spectacular modes, or again resorts currently to epideictic discourse, to promises and ethos, is not much different from other media forms of promotional communication, it nevertheless finds its pecularity in paratext. Based on a constituent rhetoric that creates gaps within the film, the trailer can be defined as a programmatic media communicating the film. In particular, it works with the film through the mode of existence of an actual future. It subjects the audience to a modelling which enables a controlled access to the film together with an unrelenting sensory and cognitive stimulation. It also chooses modelled forms or rhythmic patterns which are liable to win public support through their stereotyped achievement and it benefits from a meta-discourse frame obtained through repetitions, weaving  or the frequent connection between predicting and sensory syntax. In order to maximize its impact on belief, the trailer generates a complete shift of the diegetic and extra-diegetic levels and therefore invades the real world of the audience in theaters. Furthermore, working in total autonomy on the meta-discourse level, the trailer is able to adopt styles of representation and enunciation types that partially work independently of the film and the purpose of this study is to suggest a typological classification of trailers.