Appel à contributions n°129|2023

Sémiotique et plan de l’expression

Sous la direction de Jean-François Bordron,
Verónica Estay Stange
et Audrey Moutat

Parution en juillet 2023

Date limite de proposition des articles : 05 octobre 2022

Texte d’orientation

Nous proposons dans ce nouveau dossier une réflexion sur la notion de « plan d’expression », propre au lexique de Hjelmslev, mais devenue courante dans la recherche sémiotique. On sait que cette discipline soutient que la signification résulte d’une opération liant ensemble deux plans dits respectivement de l’expression et du contenu. On ne mesure pas toujours l’extrême difficulté qui se cache derrière cette fonction sémiotique (sémiose) qui apparaît sans doute aujourd’hui comme banale. La difficulté est au premier chef d’ordre théorique : comment comprendre la structure intime d’un plan d’expression, surtout si, comme c’est le propre de la sémiotique, on prend en compte non seulement les articulations du langage mais aussi celles que l’on juge nécessaires pour la perception, l’image, la musique, l’architecture et finalement pour tout ce qui a le pouvoir mystérieux de produire du sens ?

On sait que, quant au contenu, le modèle dit du « parcours génératif », proposé par A.J Greimas, présente une structure hiérarchisée en plusieurs plans qui offre aujourd’hui la formulation classique de la sémantique, malgré les objections que l’on a pu lui opposer. Mais l’expression, pour sa part, reste un domaine difficile à structurer bien que quelques tentatives aient été faites pour envisager un parcours génératif de l’expression. Signalons quelques-unes d’entre elles.

Jacques Fontanille1 a proposé, dans le cadre d’une théorie des pratiques, de comprendre la genèse des plans d’expression selon une hiérarchie de plans d’immanence allant de celui des signes jusqu’à celui des formes de vie, en passant les textes-énoncés, les objets et les situations. Cette conception engage à articuler plusieurs sémiotiques-objets.

Jean-François Bordron2 a pour sa part essayé de comprendre le parcours génératif de l’expression sur le modèle de la perception sensible dans laquelle le sujet et le monde s’entre-expriment selon un parcours qui va de la rencontre avec le monde sous forme d’indices jusqu’à la constitution de morphologies iconiques puis de formes symboliques.

Prolongeant ces réflexions, Audrey Moutat3 a mis en évidence le rôle de l’aspectualité, traditionnellement rattachée au plan du contenu, dans ce qui pourrait être considéré comme un « parcours narratif » du plan de l’expression organisé selon la séquence attaque-tension-détente ; un parcours lui-même décomposé en de nombreux micro-parcours concurrents qui se chevauchent.

Ces configurations peuvent être étudiées en termes de « rythme » et tensivité (cf. Estay Stange et Moutat), en interrogeant le passage de l’esthésique à l’esthétique.

Dans ce même sens, Verónica Estay Stange4 a suggéré que le plan de l’expression est organisé en strates accentuelles traçant un possible « parcours génératif » : au niveau profond, des éléments d’ordre sensible en rapport d’opposition constituent les unités minimales mobilisées dans chaque strate. À un niveau intermédiaire, ces oppositions sont mises en syntagme (cf. le « programme aspectuel » identifié par Audrey Moutat). Au niveau superficiel, ce programme est particularisé par un habillage qui intègre les « accidents de la matière ».

Le présent dossier voudrait parcourir le domaine des formes que prend toute matière lorsqu’elle en vient à signifier. Cela va de la phonologie, qui a longtemps servi de modèle pour les autres sémiotiques, aux langages visuels, sonores, tactiles, etc. Il s’agit toujours d’une matière qui peut avoir des configurations multiples sans que l’on sache vraiment si cette mise en forme est spécifique à chaque domaine matériel ou correspond plutôt à des principes généraux voire à des structures idéales.

Par ailleurs, les matières disponibles ne se limitent pas aux domaines définis par nos cinq sens et par les traditions artistiques mais comprennent aussi les écrans propres aux nouveaux médias, situés quelque part entre les empreintes sur les murs des cavernes et la substance des rêves.

Nous cherchons aussi à savoir si de nouvelles approches et méthodologies peuvent faire apparaître des articulations inédites dans ce domaine encore largement inexploré.

Les propositions doivent être envoyées aux courriels suivants :

Actes Sémiotiques accepte des textes en français, anglais, italien, espagnol et portugais.

Calendrier prévu pour la publication du volume :

  • 5 octobre 2022 : date limite pour l’envoi des propositions (résumé de 2500 caractères).

  • 5 mars 2023 : date limite pour l’envoi des contributions.

  • 5 juin 2023 : date limite pour les versions révisées des contributions.

  • 5 juillet 2023 : publication du n° 129-130 des Actes Sémiotiques.

Pour les normes de rédaction, voir : https://www.unilim.fr/actes-semiotiques/6803

Notes

1 Jacques Fontanille, Pratiques sémiotiques, Paris, PUF, 2008.

2 Jean-François Bordron, « Sens et signification, dépendances et frontières » in L’image entre sens et signification, Anne Beyaert ed. Paris, Publications de la Sorbonne, 2006.

3 Audrey Moutat, Du sensible à l’intelligible. Pour une sémiotique de la perception, Limoges, Lambert-Lucas, 2015.

4 Verónica Estay Stange, Sens et musicalité. Les voix secrètes du Symbolisme, Paris, Classiques Garnier, 2014.